Édition du mardi 3 février 2015
Fondation Abbé-Pierre : le nombre de SDF a augmenté de 50 % en 15 ans
Près de 50 % de sans-domicile-fixe en plus en quinze ans, toujours plus de demandes d’hébergement d’urgence et de logements prioritaires… Le constat dressé par la Fondation Abbé-Pierre dans son rapport annuel 2015, une fois de plus, est glaçant. Le « cercle du "non-logement" » s’agrandit toujours plus chaque année, selon l’association qui dénonce notamment les récents revirements gouvernementaux.
En 2014, « c’est à une année de ruptures et de revirements que nous avons assisté », dénonce la fondation, alors que l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait promis d’en faire l’année « de l’accès à des solutions dignes pour les personnes sans domicile ».
Or, après l’arrivée de Manuel Valls à Matignon et le « détricotage de la loi Alur », « la relance de la construction par le soutien et la libération du marché s’est imposée au détriment de la lutte contre l’exclusion du logement », affirme le rapport.
Résultat, les capacités d’accueil en hébergement d’urgence ou en logement, bien qu’« étoffées ces dernières décennies, restent saturées à tous les niveaux face à l’accroissement des demandes », souligne la Fondation Abbé-Pierre, égrenant des chiffres impressionnants : 138 800 nuitées d’hébergement d’urgence attribuées par le 115 lors de l’hiver 2013-2014 sur 355 000 demandes, 467 000 logements sociaux attribués face à 1,8 million de demandes en attente, 75 000 personnes relogées après un recours Dalo sur 147 000 reconnues prioritaires...
« Les dispositifs publics favorisant l’accès au logement et les professionnels qui les animent en sont parfois réduits à devoir gérer la file d’attente et effectuer un tri impossible entre des personnes toutes prioritaires », critique le rapport.
Selon la Fondation Abbé-Pierre, le « cercle du "non-logement" continue à s’élargir » et de nombreuses personnes sans logement sont contraintes de trouver des solutions alternatives qui les enfoncent toujours plus dans l’exclusion : « camping à l’année, hébergement chez des tiers, squats, bidonvilles, tentes et abris de fortune en bordure des routes ou dans les bois... »
Cette insécurité touche de plus en plus les familles avec enfants : à l’hiver 2013-2014, elles ont déposé 174 000 demandes au 115, soit 23 000 de plus qu’à l’hiver précédent, et sont prioritairement orientées vers des hôtels.
Jeunes – qui représentent un quart des SDF –, demandeurs d’asile, personnes en souffrance psychiatrique évacuées des hôpitaux dont les moyens ont été fortement réduits : le contingent des personnes à la rue grossit toujours plus chaque année.
Pire encore, une part croissante d’entre elles renonce à appeler le 115 ou à renouveler une demande de logement social, découragée par l’opacité des procédures et le manque de réponses positives ou adaptées. Le problème étant dû, selon le rapport, à ce que dans la gestion de la pénurie de logements, une sélection s’opère « par le haut » pour répondre d’abord aux ménages présentant les meilleures garanties, et « par le bas » pour venir en aide aux plus vulnérables.
La Fondation Abbé-Pierre critique la mise en place du système de cotation expérimenté dans certains territoires, en raison du « décalage entre les attentes des ménages et les modalités d’attribution » ; selon elle, il faudrait « renverser l’approche ordinaire des attributions, comme à travers la "location choisie" : expérimentée dans plusieurs territoires, elle doit permettre aux demandeurs de se positionner sur les logements qui se libèrent (plutôt que de rechercher des demandeurs compatibles avec l’offre disponible) et leur donner ainsi la possibilité de participer au choix de leur logement. »
Le rapport offre également une analyse en profondeur des raisons de la crise du logement, qui met en lumière plusieurs causes centrales : une méconnaissance des besoins réels en logement ; un blocage financier « lié à une critique des dépenses publiques régulièrement jugées superflues voire contre-productives (dont la plus récente illustration est le rapport de l’administration récemment rendu public, lire Maire info d’hier) ; et un obstacle institutionnel, dû à la trop grande concentration aux échelons national et communal des compétences liées au logement et à l’urbanisme, « divisant la politique du logement entre centralisme aux moyens d’action limités sur le terrain et approche trop micro-locale dans laquelle peuvent s’enfermer les acteurs municipaux ».
Télécharger le rapport de la Fondation Abbé-Pierre.
En 2014, « c’est à une année de ruptures et de revirements que nous avons assisté », dénonce la fondation, alors que l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait promis d’en faire l’année « de l’accès à des solutions dignes pour les personnes sans domicile ».
Or, après l’arrivée de Manuel Valls à Matignon et le « détricotage de la loi Alur », « la relance de la construction par le soutien et la libération du marché s’est imposée au détriment de la lutte contre l’exclusion du logement », affirme le rapport.
Résultat, les capacités d’accueil en hébergement d’urgence ou en logement, bien qu’« étoffées ces dernières décennies, restent saturées à tous les niveaux face à l’accroissement des demandes », souligne la Fondation Abbé-Pierre, égrenant des chiffres impressionnants : 138 800 nuitées d’hébergement d’urgence attribuées par le 115 lors de l’hiver 2013-2014 sur 355 000 demandes, 467 000 logements sociaux attribués face à 1,8 million de demandes en attente, 75 000 personnes relogées après un recours Dalo sur 147 000 reconnues prioritaires...
« Les dispositifs publics favorisant l’accès au logement et les professionnels qui les animent en sont parfois réduits à devoir gérer la file d’attente et effectuer un tri impossible entre des personnes toutes prioritaires », critique le rapport.
Selon la Fondation Abbé-Pierre, le « cercle du "non-logement" continue à s’élargir » et de nombreuses personnes sans logement sont contraintes de trouver des solutions alternatives qui les enfoncent toujours plus dans l’exclusion : « camping à l’année, hébergement chez des tiers, squats, bidonvilles, tentes et abris de fortune en bordure des routes ou dans les bois... »
Cette insécurité touche de plus en plus les familles avec enfants : à l’hiver 2013-2014, elles ont déposé 174 000 demandes au 115, soit 23 000 de plus qu’à l’hiver précédent, et sont prioritairement orientées vers des hôtels.
Jeunes – qui représentent un quart des SDF –, demandeurs d’asile, personnes en souffrance psychiatrique évacuées des hôpitaux dont les moyens ont été fortement réduits : le contingent des personnes à la rue grossit toujours plus chaque année.
Pire encore, une part croissante d’entre elles renonce à appeler le 115 ou à renouveler une demande de logement social, découragée par l’opacité des procédures et le manque de réponses positives ou adaptées. Le problème étant dû, selon le rapport, à ce que dans la gestion de la pénurie de logements, une sélection s’opère « par le haut » pour répondre d’abord aux ménages présentant les meilleures garanties, et « par le bas » pour venir en aide aux plus vulnérables.
La Fondation Abbé-Pierre critique la mise en place du système de cotation expérimenté dans certains territoires, en raison du « décalage entre les attentes des ménages et les modalités d’attribution » ; selon elle, il faudrait « renverser l’approche ordinaire des attributions, comme à travers la "location choisie" : expérimentée dans plusieurs territoires, elle doit permettre aux demandeurs de se positionner sur les logements qui se libèrent (plutôt que de rechercher des demandeurs compatibles avec l’offre disponible) et leur donner ainsi la possibilité de participer au choix de leur logement. »
Le rapport offre également une analyse en profondeur des raisons de la crise du logement, qui met en lumière plusieurs causes centrales : une méconnaissance des besoins réels en logement ; un blocage financier « lié à une critique des dépenses publiques régulièrement jugées superflues voire contre-productives (dont la plus récente illustration est le rapport de l’administration récemment rendu public, lire Maire info d’hier) ; et un obstacle institutionnel, dû à la trop grande concentration aux échelons national et communal des compétences liées au logement et à l’urbanisme, « divisant la politique du logement entre centralisme aux moyens d’action limités sur le terrain et approche trop micro-locale dans laquelle peuvent s’enfermer les acteurs municipaux ».
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